Date
2010
Alternative titles
Peut-on se fier aux bases de données internationales sur la Corruption ? Une confrontation entre enquêtes-experts et enquêtes-ménages en Afrique subsaharienne
Dewey
Relations Etat / citoyen
Sujet
Household surveys; Experts surveys; Subsaharan Africa; Governance; Enquêtes-ménages; Enquêtes-experts; Afrique sub-saharienne; Perception; Gouvernance; Corruption
JEL code
O19; C42; C89; D73
Journal issue
World Development
Volume
38
Number
8
Publication date
2010
Article pages
1057-1069
Publisher
Elsevier
Author
Razafindrakoto, Mireille
Roubaud, François
Type
Article accepté pour publication ou publié
Abstract (FR)
L’émergence des institutions, de la gouvernance et tout particulièrement de la corruption, comme
enjeu majeur du développement a engendré la multiplication de bases de données internationales
censées mesurer ces concepts. Cette étude s’interroge sur la pertinence et les limites des indicateurs
globaux de corruption basés sur la perception des experts. Elle mobilise un dispositif d’enquêtes
originales réalisées simultanément dans huit pays africains, couplant deux types d’enquêtes sur la
même thématique. Les premières, menées auprès de la population (avec un échantillon de 35 000
personnes au total), permettent d’obtenir une mesure objective de l’incidence et des caractéristiques de
la petite corruption bureaucratique. La seconde, menée auprès de 350 experts (enquête-miroir), mesure
la perception que s’en font les experts. En confrontant ces deux sources, nous montrons que ces
derniers surestiment systématiquement l’incidence de la corruption et que le classement des pays
induits par leurs perceptions n’est pas corrélé avec la réalité. L’erreur d’appréciation des experts est
d’autant plus forte que les pays sont mal notés dans les bases internationales, pénalisant les plus
pauvres d’entre eux. Les analyses économétriques mettent également en évidence la présence de biais
idéologiques, ainsi que l’existence d’un modèle culturel implicite, cohérent mais erroné, sur la façon
dont « l’Afrique fonctionne ». Les experts ont tendance à surestimer massivement le niveau de
tolérance aux pratiques corruptives de la part de la population et à sous-estimer l’importance qu’elle
accorde aux questions de « bonne gouvernance ». Ces résultats plaident en faveur d’un usage plus
précautionneux et raisonné des indicateurs globaux de gouvernance et confirment la nécessité de les
compléter par des enquêtes auprès des acteurs concernés.
Abstract (EN)
This study examines the limits of global corruption indicators based on experts’ perceptions. It draws on a wave of original surveys conducted in eight African countries that combined two types of approaches. The first approach covers a sample of over 35,000 people and uses experience-based questions to measure petty bureaucratic corruption. The second (Mirror Survey) reports 350 experts’ opinions. A comparison of these two sources paints a clear picture of the experts’ errors of assessment. We also find evidence for ideological biases, with experts tending to rank countries based on their own political preferences, and the existence of an erroneous implicit cultural model of “how Africa works”.