Abstract (FR)

Cette contribution éclaire la différenciation de l’ordre sanitaire international par l’analyse des réunions visant à refondre la nomenclature des comptes de santé établie par l’OCDE entre 2017 et 2019. Là où la sociologie politique de l’international privilégie les entretiens ou l’analyse d’archives, l’article combine ces méthodes avec l’observation des négociations impliquant États et organisations internationales sanitaires pour dévoiler la dimension fondamentalement agonistique de l’ordre sanitaire international. Il montre ainsi que les luttes entre organisations pour obtenir les fonds des États prennent, en réunion, la forme de luttes menées par les délégués pour imposer les indicateurs historiquement privilégiés par leur organisation d’appartenance. Au plan méthodologique, l’article plaide donc pour la combinaison plus systématique de l’observation aux autres méthodes de la « boîte à outils » du sociologue de l’international. Au plan théorique, il dévoile l’asymétrie de la structure de l’ordre sanitaire international et propose une typologie des stratégies à disposition des acteurs pour l’aménager.