Abstract (FR)

Cet article présente les premiers résultats d'une recherche insistant sur l'importance des structures relationnelles pour la capacité collective d'innover. La science est le produit toujours temporaire d'une activité de recherche collective. Pour innover collectivement, il faut se co-orienter et apprendre collectivement. Nous proposons ici une approche structurale de cette co-orientation et de cet apprentissage collectifs dan la recherche sur le cancer en France, milieu dont nous avons observé les membres les plus performants (en termes de publications) entre 1997 et 1999. Notre hypothèse es que la coopération durable entre chercheurs potentiellement concurrents mais interdépendants que François Bourricaud appelait les "associés-rivaux condamnés à vivre ensemble" dépend de la discipline sociale qu'ils s'imposent. Après avoir défini cette notion de discipline sociale, nous en examinons certains aspects dans l'analyse des réseaux de conseil entre les membres de cette élite de chercheurs. Notre mise en œuvre de l'approche structurale de la discipline sociale sous-jacente à l'activité scientifique s'appuie sur l'examen de la structure de ces réseaux de conseil. Les analyses suggèrent que les sous-disciplines scientifiques (notamment l'hématologie- immunologie de cette période) qui ont été les plus performantes en termes de publications (dont la valeur est mesurée, même imparfaitement, par les impact factor des publications des chercheurs) sont celles qui ont su créer et entretenir cette forme spécifique de discipline sociale, une structure relationnelle permettant de cultiver et d'atténuer (simultanément) la concurrence de statut entre ces "associés-rivaux".