Abstract (FR)

Cette contribution de 90 pages propose un cadre interprétatif pour comprendre comment émergent des points de vue lors de la lecture de transcriptions d’entretiens narratifs. Ce cadre présente d’abord différents liens entre perspective dialogique, approche énonciative et linguistique interactionnelle, et insiste sur le lien entre mouvements discursifs et « bougé » du sens tout au long du déroulement d’une production discursive (qu’elle soit orale ou écrite). L’activité du récepteur est soulignée dans ce qu’elle peut avoir de singulier, du fait des rapprochements que le récepteur peut faire entre ce qu’il lit et des aspects non discursifs ou discursifs. Les pôles à partir desquels l’activité interprétative du récepteur élabore le point de vue du texte et le sien propre sont ensuite exposés en trois points : (1) Tout d’abord sont réunis contexte, genre discursif, articulation des voix et des points de vue en se référant aux travaux qui marquent le domaine de la polyphonie (Ducrot), du dialogisme (Bres et Nowakowska, Rabatel, Authier-Revuz pour le repérage des marqueurs des voix, Siblot pour le dialogisme de la nomination), de l’interprétation par la mise en affinité d’unités discursives ou non (François, Salazar Orvig).(2) Dans un deuxième temps, sont abordés les liens entre dialogisme et genre discursif, en revenant sur le genre récit tout en menant une discussion sur sa valeur dans le cadre d’une analyse sociologique. (3) Enfin, la façon dont certains points de vue se dessinent par des mouvements de « chronotopes » (Bakhtine) et des mouvements énonciatifs est montrée, cela à partir d’entretiens recueillis par des étudiants en M1 comptablité auprès de professionnels de la comptabilité. Les notions de chronotope et de plan énonciatif sont mises en relation pour montrer en quoi elles manifestent certaines « valeurs » des interviewés. Un commentaire analytique suivant le déroulement de certains extraits est proposé, auquel succède une synthèse qui insiste (i) sur l’intrication des divers types de mouvements discursifs contribuant à l’émergence du sens et (ii) sur l’idée que le contexte n’est pas une donnée objective mais une manifestation de la façon dont les interviewés l'ont interprété