Résumé (FR)

La profession de pilote d’hélicoptère au Brésil et au Mexique est symptomatique des deux traits constitutifs de la globalisation, l’uniformisation et la différenciation. Elle illustre dans quelle mesure, partant d’un cadre contraignant, les acteurs bousculent l’existant pour l’infléchir et éventuellement imposer leurs marques. Ce processus est propre à la construction de toute profession. Dans le cas examiné, la démarche visant à légiférer une profession en plein essor, au Brésil, est mise en tension entre, d’un côté, les exigences liées à la spécificité de la profession et, d’un autre, la préservation des droits et statuts des travailleurs au vu de la recherche de flexibilité voulue ou subie par les professionnels. Au Mexique, les différends sont d’ordre institutionnel ; ils portent sur l’accès à la profession et la professionnalisation des pilotes. Il en ressort que la manière de gérer les dissensions diffère sensiblement d’un pays à l’autre. Ainsi, même pour une activité professionnelle aussi normée que la navigation aérienne, soumise à des règles dictées par la législation internationale, le cadre réglementaire institué localement ne rend compte ni de la richesse des interactions ni des réalités. L’institutionnalisation de la profession fait appel à deux ordres différents. L’un, qui renvoie à la construction des normes, met en relief les tiraillements entre militaires et civils au Brésil, entre civils au Mexique ; il illustre les arrangements institutionnels propres à des arènes de pouvoir en voie de consolidation ou qui font encore l’objet de négociations. L’autre, celui des pilotes d’hélicoptère, fait appel à la consolidation de la profession dans un univers institutionnel instable ou en construction, rendu plus difficile par son caractère dispersé. La bataille qui s’est nouée récemment au Mexique autour de la profession est symptomatique des tensions qui prévalent dans la construction des normes et leur capacité à s’imposer.