Abstract (FR)

Dès le milieu des années 1970, la direction du Budget se mobilise pour faire de « l’enveloppe globale » un instrument prégnant dans la politique de maîtrise des dépenses de santé. La direction de la Sécurité sociale du ministère des Affaires sociales se convertit à la rationalité budgétaire. Cependant, en dépit de son emprise administrative et politique, l’instrument budgétaire se heurte à l’inertie des institutions du système de santé français : importante composante privée de l’offre de soins (médecine libérale en particulier) ; financement à guichet ouvert par une assurance maladie bismarckienne. En dépit de ses échecs répétés, la logique budgétaire a eu comme effet indirect de délimiter un champ original des « finances sociales » dont un groupe d’acteurs « sociaux » se fait le gardien contre les empiètements des « budgétaires ». Dans la période récente, entérinant l’impossibilité d’appliquer une contrainte budgétaire sur les compartiments les plus privés de l’offre de soins, les gouvernements ont privilégié la privatisation rampante du financement des soins courants. Cette politique peut être lue moins comme un retrait que comme un enfouissement de l’État providence.