L'affaire Spectrum
Barraud de Lagerie, Pauline (2011), L'affaire Spectrum, Revue française de sociologie, 52, 2, p. 245-275
Type
Article accepté pour publication ou publiéDate
2011Journal name
Revue française de sociologieVolume
52Number
2Pages
245-275
Metadata
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Barraud de Lagerie, PaulineAbstract (FR)
La notion de « responsabilité sociale des entreprises » (RSE) est victime de son succès. Son usage exponentiel, dans les mondes économique et académique, pour désigner les démarches par lesquelles les entreprises assument ou devraient assumer la prise en charge d’externalités négatives échappant au cadre réglementaire, va en effet tendanciellement de pair avec sa réification. Si ce phénomène participe incontestablement de l’institutionnalisation de la notion, il empêche de comprendre le processus de construction et le contenu de ce qui se présente alors sous la forme d’une boîte noire étiquetée « RSE ». Cet article se propose au contraire d’étudier la construction de responsabilités extrajuridiques pour les entreprises, en opérant une double réduction du champ d’investigation, d’une part à la question des obligations des donneurs d’ordre occidentaux envers les travailleurs employés par leurs fournisseurs des pays du Sud, d’autre part au cas d’une situation litigieuse plutôt qu’à celui d’une arène délibérative. En adoptant une définition générique de la responsabilité, identifiée à l’administration « réglée » d’une sanction, et en suivant pas à pas les imputations de responsabilité consécutives à un drame (le décès de travailleurs bangladais dans l’effondrement de leur usine), nous pouvons mettre au jour le travail d’entrepreneurs de la responsabilisation des entreprises occidentales, et celui des entreprises ciblées pour résister à l’établissement d’un devoir de protection des travailleurs hors du cadre de la stricte relation salariale.Abstract (EN)
The « corporate social responsibility » (CSR) notion is a victim of its own success. Exponential use of the term in the economic and academic worlds to designate the procedures by which corporations assume – or should assume – responsibility for negative externalities not covered by regulation goes tendentiously hand in hand with its reification. While the phenomenon unquestionably partakes of the institutionalization of the notion, the notion in turn prevents us from understanding the content of what is now presented in the form of a black box labeled « CSR » and how that content was constructed. This article, by contrast, focuses directly on the construction of extra-legal responsibilities for corporations, reducing the field of investigation to 1) the issue of western principals’ obligations to the workers employed by their suppliers in southern countries, and 2) a situation of legal dispute rather than a deliberation arena. By adopting a generic definition of responsibility, identified here with the « regulated » administering of a sanction, and following step by step the imputations of responsibility that followed on a tragic event – the death of Bangladeshi workers when their factory collapsed – it brings to light the work of entrepreneurs for the cause of making western corporations responsible, as well as targeted companies’ attempts to resist being officially required to protect workers beyond the limited framework of the wage-paying relationship.Subjects / Keywords
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